Il était une foie gras [Lorcan]

Noël. Qu'est-ce? Ok, non, tout le monde sait ce que c'est. Pour Maud c'est surtout les décorations, les lumières, la neige, les cadeaux (bien sûr!) mais surtout... la nourriture. Ah oui, le petit péché de la jeune fille: la gourmandise. Les bonbons, les gâteaux, les pommes de terres douces, le chocolat! C'est surtout pendant le temps des fêtes qu'elle s'en empiffre. Injustice totale pour la pauvre Megalda, toute grassouillette, elle qui mange que de la laitue, car Maud n'engraisse jamais, malgré le bilan extraordinaire des sucreries qu'elle dévore quotidiennement.
Mais Maud se rappelle constamment à l'ordre... après avoir mangé la dernière souris en sucre sur l'assiette. C'est qu'elle ne peut vraiment pas s'en empêcher! Mais croyez moi quand je vous dit qu'elle souffre des plus affreuses indigestions. Vous pouvez lui accorder la grâce de dire que c'est en cela que repose sa punition.

C'est avec une main sur la panse pleine qu'elle gravit les escaliers conduisant à la volière, serrant sa cape étroitement autour de ses épaules avec l'autre. Gravir ces marches était d'habitude un plaisir qu'elle appréciait. Mais à 3h30 de la nuit, lors d'un blizzard, sortir du château chauffé pour escalader la tour de la volière, elle pourrait réévaluer son plaisir d'exécuter cette montée.

Mais finalement arrivée à l'abri parmi les chouettes et les hiboux, elle baissa sa capuche enneigée et secoua sa cape. Elle appréciait l'endroit. Elle se sentait entourée de créatures à la fois sauvages et sages. L'odeur des oiseaux ne l'embêtait pas particulièrement, et leurs yeux brillants de derrière la pénombre ne l'effrayait pas. Elle aimait imaginée qu'elle était cette voyageuse mystérieuse qui devait prouver sa valeur au grand conseil de la volière. Ou quelque autre rôle important.

Des hululements se firent entendre. Maud les connaissait bien. Elle pouvait même distinguer si c'était un mâle ou une femelle qui poussait le cri. Mais soudain, il y eu un son étrange. Ce n'était pas un bruit provenant des animaux. C'était une créature inconnue qui hulula dans la nuit. Elle était là, parmi Maud et les oiseaux. La jeune fille frissonna, trouvant la situation à la fois effrayante et excitante. Si elle se faisait kidnappée, ce serait une aventure incroyable. Et si elle se faisait tuée, elle le ferait d'une façon si pathétique, son meurtrier sera si touché, qu'il (ou elle) écrira son histoire qui deviendra un classique.

Mais rien de cela. Un garçon apparut devant elle.

Je vous jure qu'il n'y pas plus con qu'une chouette.
Sisi.

Courant à travers l'épais manteau de neige qui avait recouvert les étendues du Parc de Poudlard, je me laissais aller à une certaine déviance mentale, fôlantrant entre le fait d'être un avion, un Eclair de feu, ou bien un oiseau. Toujours est-il que j'avais tendu mes bras à la hauteur de mes épaules, et que je crapotais à travers la poudreuse en laissant d'épaisses traces sur mon passage. My fucking Lord, de quelle classe formidable je témoignais: un jeune homme, d'un mètre soixante-dix, l'air on ne peut plus mature, en train de sauter à pied joints dans la neige. My Lord, cherchez l'erreur.

Je m'arrêtais une seconde, relevant mes yeux sur l'ombre rejetée sur moi. La lune avait heurté dans son sillon un bâtiment, et l'ombre projetée sur la surface lisse de la neige m'alarmait autant que me séduisait. Me mettant à courir vers les escalier, je m'affalais de tout mon long dans la neige, rougissant mon visage sous la morsure vive du froid. Pataud, animal apeuré, un sorte de ululement s'échappa de mes lèvres, et lion rampant, je montais quatre à quatre les marches verglacées de la Volière. Comment étais-je arriver là? Pourquoi? Dans quel but? Quelles en seraient les conséquences? Mes yeux alertes cherchaient à déchiffrer les ténèbres, tandis que je m'élevais toujours plus haut vers les profondeurs des cieux, y cherchant une extrémité, une fin.

(...)

Dérapant sur la dernière marche, je plongeais vers la porte. une antre. Une antre plongée dans les ténèbres. Mes tremblements secouaient mon corps dans des frissons violents. Le feulement de désespoir, mêlé à ma lubie nocturne transformait mes cris en ceux de chouettes. Stupides animaux. Battant des bras au dessus de ma tête, je plongeais en avant. Mes yeux perçurent la fille une seconde après mes oreilles, et je n'eus pas le temps de freiner; je m'effondrais sur elle, en pleine course. A l'impact, mon ululement stoppa, pour se muer en un hurlement de terreur, et me redressant, couvert de plumes et d'autres choses non identifiables, me mit à bondir vers la sortie. Ou, ce que je supposais être la sortie. Un mur me stoppa dans un énorme "CRAC", et je me mis à danser, le genou en compote, sautillant sur place pour tenter d'alléger la douleur.

Un garçon ou une chouette mutante. La jeune fille n'arrivait pas à percevoir sa race. De plus, ce bolide la jeta sur la dalle emplumée, se releva, poussa un autre cri incongru, et commença à sautiller étrangement. Il s'était fracassé le genou contre un mur. Maud ne se leva pas. Peut-être pour éviter de se faire poussée par terre encore une fois. Accoudée dans une amas de plumes et d'une autre matière douteuse, elle était en fait très confortable. Elle ne comptait pas se mouvoir pour l'instant.

Elle ne savait que penser. Son cerveau n'avait pas encore enregistré ce qui était en train de se passer. La seule chose qui lui venait à l'esprit était une chanson pop d'assez mauvais goût. Tout de même, elle commença à la fredonner en riant du ridicule de ses actions.

La chanson terminée, elle jeta un regard à Lorcan qui se massait encore le genou. Elle devrait peut-être l'interpeller. Si il était un gentilhomme, il viendrait le premier. Mais vu son attitude dans les minutes précédentes, Maud préférait ne pas lui laisser cette tâche.

-Aloha, dit-elle nonchalament. Merveilleuse température, n'est-ce pas?

Pause.

Elle ajouta:
-Je suis catholique.
Peut-être avait-il un sens caché à cette déclaration. Maud l'avait simplement dite car elle venait de penser à Dieu.

-Si tu veux, tu peux baiser ma main.
Elle tendit celle-ci vers Lorcan. Elle voulait soudainement être une dame. Peut-être deviendraient-ils des amis? Ça faisait longtemps qu'elle attendait ce moment. C'est vraiment un plaisir inédit de parler pour la première fois à quelqu'un qu'on connait depuis longtemps. Enfin, dans ce cas-ci, elle lui avait déjà adressé la parole une ou deux fois (ce qui est incroyable dans une école aussi populeuse). Mais voici qu'ils allaient faire connaissance.

-Aloha. Merveilleuse température, n'est-ce pas?

Dans mon genou, la brûlure de la blessure de l'os lancinait, comme le vibration d'un son mille fois répétée. Je laissais aller les oscillations des frémissements osseux, courant le long de mon corps comme une main câline s'etant curieusement faite douloureuse. Les yeux plongés dans le vide de ma pensée, je me laissais aller au propre ostracisme de mon corps, tandis que les prémices de la souffrances arrachaient à mon corps des cris silencieux. Lèvres entrouvertes sur ce que pouvait témoigner le douleur, je laissais à dieu le soin de récolter mes soupirs nocturnes, tandis que s'egaraient en moi les besoin de souffrir et de ressentir le plaisir, la satisfaction. Tout mêlé dans un étrange concerto de violon, joué trash par un DJ. Peut être Lady Gaga viendrait elle me voir sur mon lit de mort. Un gémissement certain s'échappa d'entre mes lèvres, et crevant l'abscès dans une splendeur totale, tandis que je remuais fébrilement la rotule. Fucking crash.

-Je suis catholique.
- Je suis gay.

Mes yeux avaient rivés leur intemporalité sur le joli minois de la demoiselle, m'accaparant ainsi la vision de sa gueule d'ange. Un sourire forcé par la souffrance éclaira mon visage dans une expression de damné. C'était si triste. Sodomie et Galate avaient été condamnés. Tous les pêcheurs allaient en Enfer, se faire dévorer par leurs propres pêchés. C'était si triste. Mais je ne craignais pas cela, je ne craignais plus le diable. Un rire, éclats sidérant de mon témoignage d'être. J'étais le junkie hilare, venu sur terre pour la rédemption du monde. Je n'avais rien de l'ange, contrairement à Maud qui portait déjà les ailes de sa misérable constitution auréolée. Me redressant pleinement, je me dirigeais lentement vers elle, dévorant la distance d'une foulée aux foulés rendues atténuées de bruit par les matelas de plume et d'excréments. Voici ton empire, petit ange? un drôle de rire tordit mes lèvres.

-Si tu veux, tu peux baiser ma main.

L'offre était unique en son terme, et sans détour. Je pris entre mes doigts les siens, et de l'autre, m'emparais de ma baguette pour la river sur nous deux. Couples aux mains entrelacées, le sortilège nous destitua tous deux de plumes et de fioritures moins élégantes. Un sourire amusé alluma mon regard. Ôter de l'ange sa superioité, que lui restait-il donc? Mes doigts soulevèrent à la hauteur de mon visage la main blanche et j'y déposais mes lèvres pour un contact furtif et léger. Puis, sans lâcher la main, pour un mouvement de slow improvisé par mon esprit carbonisé, je déposais un baiser sur la commissures de ses lèvres, avant de reculer, pour l'étudier un peu mieux. Que valait l'ange face au démon? Je me demandais si je la contaminerai.... Peut un jour, sa blancheur d'âme immaculée serait elle rongée par la noirceur de mes tourments? Adorable fantasme que voilà, je lui j'étais mes mots à la fatigue, la drapant de toute la bienveillance possible, et due, à son égard divin.

- Une petite fille aussi rousse que toi devrait dormir. T'es pas de tailles à lutter contre Morphée, chérie. ... si tu veux, je peux te ramener à ton dortoir.

Engagement perçu, je savais qu'il fallait protéger les choses faibles et fragiles. Comme.... Les poussins, par exemple. Mais les poussins avaient ils des doigts aussi délicats que ceux de Maud? mes yeux se plissèrent dans une expression entêtée par cette recherche de logique. Pauvre drogué. Sourire. Accro à la beauté humaine, intoxiqué par les méandres de l'imaginaires.

- Ou sinon, tu peux danser avec moi.

Et puis, la différence est-elle un crime? À travers les siècles, la persécution de celle-ci marque l'Histoire. Et elle continuera, car il y aura toujours quelqu'un d'intelligent, de différent à sa façon, qui proclamera au reste des moutons que les individus, les incongrus, les insemblables, devraient rentrer dans le moule. Mais un gâteau tout beau tout parfait, on ne fait que le manger. Tandis qu'une catastrophe ambulante, une bombe alaska dont la meringue et échouée, et la crème glacée fondue, on en parlera pour des années à venir, avec un petit rire aux lèvres. La différence reste, le normal n'est qu'un cycle sur la machine à laver le linge. De toute façon, elle ne savait ses opinions là-dessus.

Elle regarda l'ange déchu. Elle se souvint de leur première année. Il était rose il était frais. Ça n'a pas prit deux jours pour qu'il commence à se mettre dans le trouble. Elle non plus d'ailleurs, mais d'une façon différente. Maintenant, rouge et noir, il la regardait. Elle se sentait tout à coup plus lucide, et très poupée. Lui, grand, la prédominait dangeureusement. Fragilisée, elle commença à reculer un peu. Le ridicule de la situation lui montait aux joues. Elle avait encore la main dans les airs. Il la prit. Délicatement, sans soucis, sans intentions. Il deposa ses lèvres imposantes sur sa peau ivoirine. Elle retourna sa main et la lia avec la sienne. Il fallait se faire proche. Puis il frola ses lèvres, recula, et la regarda de nouveau. Maud retourna son attention.

- Une petite fille aussi rousse que toi devrait dormir. T'es pas de tailles à lutter contre Morphée, chérie. ... si tu veux, je peux te ramener à ton dortoir.

- Si, comme je le voulais, je possédais de l'éloquence, ma riposte serais en prose. Mais puisque ma volonté n'y est pour rien, tu devras te contenter de rimes pauvres. J'ai un âge tout aussi honorable que le tiens, et il y a longtemps que le Sandmännchen m'a répudiée. Alors nul accompagnement sera nécessaire. Je planifie bien rester ici.

...

- Ou sinon, tu peux danser avec moi.

Oui bien, à condition qu'il ait le sens du rythme. Il aura beau dire qu'il soit mélomane, que lorsqu'il marche il danse, que seulement Ivan le Terrible pouvait lui resister, ça ne servirait à rien. Le rythme, c'est tout.

-...Et le roux c'est la meilleure des couleurs.